Vous habitez dans une maison construite il y a moins de dix ans et son isolation thermique vous semble défaillante ? Vos factures de chauffage sont disproportionnées au regard de la surface habitable ? Il est possible que les travaux d’isolation aient été mal réalisés. Si les désordres sont d’importance, la responsabilité décennale de l’entreprise ayant réalisé les travaux peut être mise en cause. La troisième chambre civile de la Cour de cassation l’a confirmé dans un arrêt du 30 septembre 2021.
Rappel sur la responsabilité décennale du constructeur
La garantie décennale est une garantie légale qui oblige le constructeur à réparer les dommages « de nature décennale » survenus à son ouvrage durant une période de dix années à compter de la date de réception des travaux. Cette garantie s’applique aux dommages affectant la solidité d’un ouvrage (ou de l’un de ses éléments indissociables), mais également aux dommages le rendant « impropre à sa destination ».
Destination de l’ouvrage et performances thermiques
Comme nous le rappelons ici, l’impropriété à destination de l’ouvrage est l’un des critères permettant d’apprécier la gravité d’un dommage et sa capacité à entrer dans le cadre de la responsabilité décennale telle que définie à l’article 1792 du Code civil.
En tant qu’ouvrage, une maison individuelle a une destination précise : loger une ou plusieurs personnes de façon décente et conforme aux normes en vigueur en France. Par exemple, les caractéristiques d’un logement décent ont été définies par le décret n°2002-120 du 30 janvier 2002, mais celles-ci ont encore pu évoluer en fonction des différentes réglementations créées par la législation depuis ce décret.
Depuis la première réglementation thermique (RT 1974), les performances thermiques font partie de l’ensemble des éléments permettant d’évaluer si une construction neuve est apte à accueillir des habitants, au même titre que le clos et le couvert, les réseaux, l’assainissement ou encore la salubrité.
Une isolation défaillante peut entraîner une réparation au titre de la garantie décennale
Dans l’affaire jugée par la Cour de cassation le 30 septembre 2021, l’acquéreur d’une maison en bois récemment construite a constaté de nombreux défauts dans l’isolation de la maison, entraînant de nets surcoûts de chauffage durant les périodes de froid. Ces défauts ont été confirmés par expertise, notamment au niveau des tableaux de fenêtre, des soubassements du mur de façade, ou encore au niveau des combles et du rampant de la salle de bain.
Les malfaçons dans la pose de l’isolation thermique, additionnées à la surconsommation de chauffage prouvée par l’acquéreur, ont incité la Cour de cassation à confirmer l’impropriété à destination de l’ouvrage :
« Elle en a souverainement déduit que l’absence d’isolation à certains endroits, l’isolation insuffisante à d’autres et la pose en vrac ou mal ventilée de la laine de verre rendaient la maison impropre à sa destination du fait de l’impossibilité de la chauffer sans exposer des surcoûts qu’elle a constatés. »
→ L’isolation thermique défaillante est donc reconnue ici comme un dommage de nature décennale, obligeant le constructeur à indemniser le propriétaire au titre de sa réparation.
Actualité postée le 12 octobre 2021 et mise à jour le 14 octobre 2021 dans la rubrique Actualités • Actualités de la responsabilité décennale.